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L’entraînement sur tapis roulant
Preuves examinées avant
01-01-2021 Auteur(s): Ogourtsova, T. (Ph.D., erg.); Steven, E. (Étudiant M.Sc.A. erg.); Iliopoulos, G. (Étudiant M.Sc.A. erg.); Deleva, V. (Étudiant M.Sc.A. erg.) et Majnemer, A. (Ph.D., erg., FCAHS)Partager cette intervention
:
Treadmill training
Introduction
Le développement d’une marche indépendante et efficace est un objectif thérapeutique essentiel pour la plupart des enfants atteints de la paralysie cérébrale. L’entraînement sur tapis roulant est une intervention utilisée pour promouvoir l’atteinte de cet objectif ainsi que pour améliorer la motricité globale, comme la position debout, l’équilibre et la montée d’escaliers. Ceci est basé sur le principe de l’apprentissage moteur qui suggère que la pratique, la répétition et l’entraînement spécifique des tâches sont essentiels pour l’amélioration d’activités telles que la marche chez les personnes atteintes de troubles neurologiques.
L’entraînement sur tapis roulant a été largement étudié dans le cadre de la réadaptation d’adultes ayant subi un accident vasculaire cérébral ou une lésion de la moelle épinière. Cela implique généralement l’utilisation d’un système de suspension pour fournir un soutien connu sous le nom d’entraînement sur tapis roulant avec support partiel du poids corporel (Partial body weight support treadmill training : PBWSTT).
L’entraînement sur tapis roulant est une intervention visant le développement d’une marche indépendante et efficace et l’amélioration de la vitesse de marche et de l’endurance chez les enfants atteints de troubles neuromoteurs, tels que la paralysie cérébrale et le syndrome de Down. Lors d’un entraînement sur tapis roulant partiellement supporté par le poids corporel (Partial body weight supported treadmill training : PBWSTT), le poids corporel de l’enfant est soutenu par un système de suspension (tel qu’un harnais fixé au plafond ou à un rail) ou par l’aide d’un adulte (un thérapeute ou un parent). Ce support permet une posture droite et une charge réduite sur les membres inférieurs, et donc une moindre demande de force musculaire lors de la marche.
Si l’enfant est incapable de faire des pas tout seul, ses jambes peuvent être guidées avec une assistance manuelle (du thérapeute/parent) ou avec une assistance robotique. Le montant du soutien fourni est basé sur les capacités de l’enfant et les objectifs thérapeutiques et peut être progressivement réduit au fur et à mesure de sa progression. D’autres paramètres de l’entraînement, tels que la vitesse, la quantité d’assistance fournie et la durée de la séance, peuvent également être modifiés avec le temps.
Le PBWSTT est une intervention utilisée pour travailler sur l’entraînement à la marche et l’amélioration de la motricité globale chez les enfants atteints de la paralysie cérébrale et d’autres troubles neuromoteurs. En raison du soutien du poids corporel fourni pendant l’entraînement, l’enfant se sent en sécurité, ce qui lui donne la confiance et la motivation nécessaires pour pratiquer le pas et la marche. Ensuite, au fur et à mesure que le poids du corps diminue progressivement, l’entraînement offre à l’enfant des opportunités de développer un meilleur contrôle postural, la force musculaire, la coordination des mouvements, l’endurance et l’équilibre, de manière sécuritaire et efficace.
Il n’existe pas plusieurs types d’entraînement sur tapis roulant. Cependant, certains éléments de l’entraînement peuvent varier. Par exemple, l’entraînement peut être effectué avec ou sans support partiel du poids corporel (selon la population pour laquelle il est utilisé). Il existe également différentes manières d’apporter le soutien (différents systèmes de suspension), différents types d’assistance pour déplacer les membres pendant l’entraînement (manuel vs robotique), etc.
La plupart des recherches sur l’utilisation de l’entraînement sur tapis roulant ont été menées chez des enfants atteints du syndrome de Down ou des enfants d’âge scolaire atteints de la PC. Il existe des preuves limitées par rapport à l’efficacité du PBWSTT chez les enfants atteints de la PC de moins de 5 ans. Seules deux études récentes sur l’utilisation de l’entraînement sur tapis roulant dans cette population sont actuellement disponibles.
La première étude de haute qualité n’a montré aucune différence dans le développement moteur des enfants prématurés à risque de la paralysie cérébrale qui ont suivi un programme d’exercices à domicile consistant à donner des coups de pied et à marcher par rapport à l’absence de traitement. L’étude avait une petite taille d’échantillon et la conformité au programme à domicile était faible, ce qui peut avoir affecté les résultats.
Les résultats de la deuxième étude de qualité inférieure suggèrent que l’entraînement sur tapis roulant combiné à la physiothérapie habituelle est plus efficace que la physiothérapie seule pour améliorer la mobilité des enfants (âgés de 9 à 36 mois) atteints de la paralysie cérébrale. Il n’y avait cependant aucune différence de vitesse de marche ou de fonction motrice globale entre les deux groupes à la fin de l’étude.
Pour résumer, le PBWSTT est une approche spécifique à une tâche mettant l’accent sur la répétition et la pratique qui peut s’avérer prometteuse en tant qu’intervention pour les enfants atteints de la paralysie cérébrale. Cependant, des recherches plus rigoureuses sont nécessaires pour déterminer son efficacité et élaborer des directives cliniques pour son utilisation.
Avant de commencer un programme d’entraînement sur tapis roulant pour votre enfant, vous pouvez vous attendre à avoir une séance avec un physiothérapeute qui effectuera une évaluation initiale de votre enfant afin de déterminer ses capacités et de développer un programme individualisé avec des objectifs spécifiques. Généralement, les séances auraient lieu dans une clinique en raison du besoin d’équipement spécialisé (tapis roulant, systèmes de suspension) et/ou de l’assistance manuelle d’un personnel formé. Dans certains cas, des programmes à domicile peuvent également être possibles après une séance de formation initiale du parent/proche-aidant par le physiothérapeute et l’utilisation d’un tapis roulant portable (ou d’un système de suspension à utiliser sur un tapis roulant existant).
L’entraînement sur tapis roulant est généralement fourni par des physiothérapeutes dans des cliniques externes. Cependant, dans certains cas, les parents ou les proches-aidants peuvent effectuer les séances à domicile sous la supervision d’un physiothérapeute après une séance de formation initiale.
Dans les études examinées, l’intervention a été réalisée par des parents/proches-aidants utilisant des tapis roulants portables à la maison, sous la supervision de physiothérapeutes.
Il n’y a pas de protocole spécifique pour l’utilisation du PBWSTT et la période de traitement peut varier. La recherche suggère que les interventions efficaces sont intensives et nécessitent un engagement de temps. Dans les études examinées, la formation a été effectuée pendant un minimum de 5 et jusqu’à 20 minutes/jour, 5-6 jours/semaine, pendant au moins 6 semaines.
L’entraînement sur tapis roulant est généralement sécuritaire s’il est effectué correctement. Aucun effet secondaire indésirable n’a été relevé chez les enfants participant au PBWSTT. Cependant, une surveillance est requise en tout temps pour éviter les blessures. Une évaluation approfondie par un physiothérapeute avant le début de l’entraînement est également essentielle afin d’évaluer les capacités de l’enfant, de fixer des objectifs réalistes et de s’assurer que l’entraînement est sécuritaire et efficace. Enfin, il est également important de s’assurer que toutes les chaussures ou orthèses nécessaires à la marche sont placées correctement pour éviter les ampoules ou les plaies de pression.
Le PBWSTT est une intervention spécifique aux tâches qui se concentre sur la répétition et la participation active des enfants. Dans les études examinées, il a été utilisé chez les nourrissons et les jeunes enfants atteints de la paralysie cérébrale ou à risque d’avoir la paralysie cérébrale où l’objectif était de profiter de la neuroplasticité à cet âge (la capacité du jeune cerveau à s’adapter et à apprendre).
L’étude montrant une amélioration de la mobilité après un programme d’entraînement à domicile sur tapis roulant a impliqué des enfants atteints de la paralysie cérébrale légère (GMFCS niveaux I et II).
Un ECR de haute qualité (Campbell et al., 2012) a examiné les effets d’un programme d’exercices à domicile consistant à donner des coups de pied + tapis roulant sur le développement moteur chez les enfants prématurés atteints de lésions cérébrales périventriculaires (38 % ont reçu un diagnostic ultérieur de la PC, GMFCS niveau II, IV, V). Dans cet ECR de haute qualité, les nourrissons ont été répartis aléatoirement pour recevoir un programme d’exercices à domicile consistant en des coups de pied + des pas sur tapis roulant ou une absence de traitement. Le développement moteur a été évalué à l’aide de l’Alberta Infant Motor Scale pendant le traitement (4 mois, 6 mois, 10 mois) et après le traitement (12 mois). Aucune différence significative entre les groupes n’a été constatée à aucun moment.
Conclusion : Il existe des preuves modérées (niveau 1b) issues d’un ECR de haute qualité indiquant qu’un programme d’exercices à domicile consistant à donner des coups de pied et à marcher sur un tapis roulant n’est pas plus efficace qu’une intervention de comparaison (absence de traitement) pour améliorer le développement moteur chez les enfants prématurés atteints de lésions cérébrales périventriculaires.
Un quasi-ECR de mauvaise qualité (Mattern-Baxter et al., 2013) a examiné les effets d’un programme d’entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile sur le développement moteur global chez les enfants atteints de la paralysie cérébrale (hypotonique/spastique ; GMFCS niveau I-II). Dans cet ECR de mauvaise qualité, les enfants ont été
« quasi randomisés » pour recevoir un entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile ou une physiothérapie habituelle uniquement. Le développement de la motricité globale a été évalué à l’aide de la Mesure de la fonction motrice globale-66 (Gross Motor Function Measure-66 : GMFM-66 – dimensions D et E) suite au traitement (6 semaines) et au suivi (1 mois après l’intervention et 4 mois après l’intervention). Une différence significative entre les groupes a été constatée pour le GMFM-66 (dimension D) à 1 mois de suivi, favorisant le programme d’entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile par rapport à la physiothérapie habituelle.
Conclusion : Il existe des preuves limitées (niveau 2b) d’un ECR de mauvaise qualité indiquant que l’entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile n’est pas plus efficace qu’une intervention de comparaison (physiothérapie habituelle uniquement) pour améliorer le développement moteur global chez les enfants atteints de la PC (hypotonique/spastique, GMFCS niveau I-II).
Un quasi-ECR de mauvaise qualité (Mattern-Baxter et al., 2013) a examiné les effets d’un programme d’entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile sur la mobilité chez les enfants atteints de la paralysie cérébrale (hypotonique/spastique ; GMFCS niveau I-II). Dans cet ECR de mauvaise qualité, les enfants ont été « quasi randomisés » pour recevoir un entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile ou une physiothérapie habituelle uniquement. La mobilité a été évaluée à l’aide des outils, Functional Mobility Scale (FMS), Peabody Developmental Motor Scale-2 (PDMS-2 : Sous-échelle de locomotion) et Pediatric Evaluation of Disability Inventory (PEDI : Sous-échelle de mobilité) suite au traitement (6 semaines), et au suivi (1 mois post-intervention et 4 mois post-intervention). Une différence significative entre les groupes a été constatée suite au traitement pour l’outil FMS; suite au traitement et 1 mois de suivi pour PDMS-2 : sous-échelle de la locomotion ; et à tous les moments pour PEDI : sous-échelle de mobilité, favorisant le programme d’entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile par rapport à la physiothérapie habituelle.
Conclusion : Il existe des preuves limitées (niveau 2b) d’un ECR de mauvaise qualité indiquant que l’entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile est plus efficace qu’une intervention de comparaison (physiothérapie habituelle uniquement) pour améliorer la mobilité chez les enfants atteints de la PC (hypotonique/spastique, GMFCS niveau I- II).
Un quasi-ECR de mauvaise qualité (Mattern-Baxter et al., 2013) a examiné les effets d’un programme d’entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile sur la vitesse de marche chez les enfants atteints de la paralysie cérébrale (hypotonique/spastique ; GMFCS niveau I-II). Dans cet ECR de mauvaise qualité, les enfants ont été « quasi randomisés » pour recevoir un entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile ou une physiothérapie habituelle uniquement. La vitesse de marche a été évaluée à l’aide du test de marche de 10 minutes (10-minute walk test) suite au traitement (6 semaines) et au suivi (1 mois après l’intervention et 4 mois après l’intervention). Aucune différence significative entre les groupes n’a été constatée à aucun moment.
Conclusion : Il existe des preuves limitées (niveau 2b) d’un ECR de mauvaise qualité indiquant que l’entraînement sur tapis roulant locomoteur à domicile n’est pas plus efficace qu’une intervention de comparaison (physiothérapie habituelle uniquement) pour améliorer la vitesse de marche chez les enfants atteints de la PC (hypotonique/spastique, niveau GMFCS I-II).
Références
Campbell, S. K., Gaebler-Spira, D., Zawacki, L., Clark, A., Boynewicz, K., deRegnier, R. A., Kuroda, M. M., Bhat, R., Yu, J., Campise-Luther, R., Kale, D., Bulanda, M., & Zhou, X. J. (2012). Effects on motor development of kicking and stepping exercise in preterm infants with periventricular brain injury: a pilot study. Journal of pediatric rehabilitation medicine, 5(1), 15–27. https://doi.org/10.3233/PRM-2011-0185
Mattern-Baxter, K., McNeil, S., & Mansoor, J. K. (2013). Effects of home-based locomotor treadmill training on gross motor function in young children with cerebral palsy: a quasi-randomized controlled trial. Archives of physical medicine and rehabilitation, 94(11), 2061–2067. https://doi.org/10.1016/j.apmr.2013.05.012
Groupe de troubles permanents affectant les mouvements, la coordination et le tonus musculaire d’une personne et résultant d’une lésion du cerveau avant, pendant ou peu après la naissance.
Système de classification de la fonction motrice globale. Il s’agit d’un outil utilisé pour classer les capacités motrices globales des enfants atteints de la paralysie cérébrale en 5 niveaux différents pour 5 groupes d’âge. Ce système évalue les capacités de l’enfant à s’asseoir, à marcher et à se déplacer sur des roues, ainsi que le type d’appareils de la mobilité dont cet enfant a besoin. Les niveaux sont attribués en fonction de la gravité des limitations, variant de légères (niveau I) à sévères (niveau V).