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La stimulation électrique (SE)
Preuves examinées avant
01-01-2021 Auteur(s): Ogourtsova, T. (Ph.D., erg.); Steven, E. (Étudiant M.Sc.A. erg.); Iliopoulos, G. (Étudiant M.Sc.A. erg.); Deleva, V. (Étudiant M.Sc.A. erg.) et Majnemer, A. (Ph.D., erg., FCAHS)Partager cette intervention
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Electrical Stimulation
Introduction
La stimulation électrique (SE), également connue sous le nom de stimulation électrique neuromusculaire (SENM), est un type d’intervention thérapeutique qui utilise un courant électrique pour provoquer une contraction musculaire. Initialement développée pour les personnes atteintes d’une paralysie, la SE a démontré des résultats prometteurs pour des pathologies telles que les accidents vasculaires cérébraux et d’autres troubles neurologiques. L’objectif de cette intervention est de renforcer les muscles faibles et d’améliorer le contrôle moteur.
La stimulation électrique fonctionnelle (SEF) fait référence à l’utilisation de la SE au cours d’une activité fonctionnelle spécifique. La stimulation peut faciliter la contraction de muscles faibles que la personne n’est peut-être pas en mesure de bouger volontairement et peut donc l’aider à accomplir des tâches fonctionnelles (telles que la déglutition, l’extension des bras ou même la marche).
La stimulation électrique est une modalité de traitement qui a été utilisée auprès de nombreuses populations dans le but de renforcer les muscles affaiblis. La SE nécessite l’application d’un courant électrique, généralement à l’aide d’un petit appareil muni d’électrodes placées sur la peau au niveau des nerfs moteurs périphériques ou des muscles qui leur sont associés. L’appareil administre un courant électrique de faible intensité qui provoque l’activation ou la contraction du muscle.
Lorsque la SE est appliquée pendant l’exécution d’une tâche fonctionnelle, cette technique est appelée stimulation électrique fonctionnelle (SEF). Dans ce cas, les impulsions électriques entraînent une fonction souhaitée, p. ex., la contraction des muscles pour bouger un bras ou un pied. Par exemple, chez les enfants atteints de la paralysie cérébrale, la SEF a été utilisée pour faciliter la marche, corriger les anomalies du mouvement et prévenir le pied tombant. Avec le développement et la commercialisation d’appareils NMES légers et portables, la SE attire de plus en plus l’attention en tant qu’option thérapeutique.
La SE a été utilisé pour traiter un grand nombre de pathologies avec divers objectifs thérapeutiques. Elle peut être utilisée pour augmenter l’activation et la force musculaire, diminuer la douleur et le gonflement des articulations, et améliorer le flux sanguin et la circulation, entre autres. Chez les enfants atteints de la PC, le traitement a été évalué comme une modalité permettant d’augmenter la force musculaire et l’amplitude des mouvements, d’améliorer la spasticité, le positionnement des pieds et des chevilles, le mouvement et la vitesse de marche, ainsi que le traitement des troubles de la déglutition (dysphagie).
Plusieurs termes sont utilisés pour décrire cette intervention. La stimulation électrique est également connue sous le nom de stimulation électrique neuromusculaire (SENM) et parfois sous le nom de stimulation électrique musculaire (SEM). Elle peut être utilisée comme intervention de renforcement musculaire pendant la physiothérapie. La stimulation électrique fonctionnelle (SEF), par contre, est l’application de la SENM pour promouvoir et réaliser des mouvements fonctionnels. Quel que soit le terme utilisé, l’objectif général est le même : améliorer le contrôle moteur et, ultimement, la fonction.
Il existe peu de preuves de l’efficacité de la SE en tant qu’intervention précoce pour les enfants atteints de la PC. Bien que la SE soit utilisée chez les enfants atteints de la PC depuis des décennies, la plupart des recherches portent sur son utilisation chez les enfants plus âgés. Seules trois études récentes portant sur des enfants de moins de 5 ans atteints de la PC ont été trouvées et examinées dans le cadre de ce module.
La première étude de haute qualité a examiné l’effet de la stimulation électrique fonctionnelle utilisée en combinaison avec la physiothérapie chez les enfants atteints de la PC spastique. Les résultats ont montré que les enfants de l’étude (âgés de 2 à 10 ans) qui ont reçu une SEF 5 jours/semaine pendant 4 semaines en plus de la physiothérapie ont amélioré davantage leur équilibre assis et leur asymétrie du tronc que ceux qui n’ont bénéficié que de la physiothérapie.
La deuxième étude de haute qualité a montré que la SE combinée à la réadaptation traditionnelle de la dysphagie a entraîné une amélioration de la fonction de déglutition et du niveau de dysphagie par rapport à la stimulation fictive associée à la réadaptation traditionnelle de la dysphagie. Plus précisément, l’étude a montré que les enfants (âgés de 2 à 6 ans) recevant la SE bavaient moins, mastiquaient davantage et bougeaient davantage la langue ainsi qu’une amélioration de la capacité à manger des aliments volumineux et des temps d’alimentation plus courts, après 4 semaines de traitement.
La troisième étude de haute qualité a comparé trois interventions différentes : la SE utilisée avec la thérapie de mouvement induit par la contrainte (TMIC), la TMIC utilisée seule ou l’ergothérapie. L’étude a révélé qu’il n’y avait aucune différence entre les trois approches pour améliorer le mouvement des membres supérieurs ou la force de préhension chez les enfants (âgés de 2 à 14 ans) atteints de la PC hémiplégique. Cependant, la SE avec TMIC s’est avérée plus efficace que l’ergothérapie et la TMIC utilisées seules pour améliorer le recrutement musculaire et la coordination, même 6 mois après le traitement.
Avant le début de l’intervention, vous pouvez vous attendre à une évaluation initiale avec un physiothérapeute. Au cours de cette évaluation, la quantité de courant électrique à utiliser pour le traitement sera déterminée. Pour ce faire, des électrodes sont placées sur la peau au niveau du muscle ciblé et l’intensité du courant est progressivement augmentée jusqu’à ce qu’elle provoque une contraction musculaire. Ce niveau de stimulation (quantité minimale requise pour la contraction musculaire) peut être augmenté ultérieurement au cours du traitement, à mesure que l’enfant s’y habitue.
Il n’existe pas de protocole défini pour la fréquence ou la durée de cette intervention. Dans les études examinées pour ce module, la SE a été appliquée pendant des séances de 20 à 30 minutes, 5 jours par semaine, pendant 2 à 4 semaines.
La durée du traitement sera déterminée en fonction des objectifs thérapeutiques spécifiques et des besoins de l’enfant.
Aucun effet secondaire ou risque spécifique n’a été relevé dans les études examinées.
La procédure est généralement considérée comme étant sécuritaire malgré le manque d’information sur les effets à long terme de l’utilisation. Le courant électrique utilisé pour ce type de traitement est faible et peu susceptible de provoquer des douleurs. Une légère sensation de picotement (« picots et aiguilles ») est fréquente, ce que la plupart des personnes trouvent tolérable. Dans certains cas, l’appareil peut également provoquer une irritation de la peau.
Si vous avez des inquiétudes, nous vous suggérons d’en discuter avec votre prestataire de traitement.
Cette technique est le plus souvent utilisé chez les enfants atteints de la PC pour traiter les troubles du mouvement, la spasticité musculaire et les troubles de la déglutition. Bien que les preuves soient encore limitées, ce type d’intervention donne des résultats prometteurs dans le traitement de ces difficultés. Dans les études examinées, la stimulation électrique a été utilisée pour des enfants âgés de 2 ans et de tous les niveaux duGMFCS. Il convient de noter que les trois études examinées ont utilisé la SE en combinaison avec d’autres traitements traditionnels. Ainsi, bien que les recherches soient prometteuses, l’efficacité de la stimulation électrique en tant que traitement indépendant chez les jeunes enfants atteints de la PC n’est pas très bien connue.
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Un ECR de haute qualité (Karabay et al., 2012) a examiné les effets de la stimulation électrique fonctionnelle (SEF) sur l’équilibre en position assise chez les enfants atteints de la PC diplégique spastique. Dans cet ECR de haute qualité, les patients ont été répartis aléatoirement pour recevoir la SEF ou aucun traitement ; les deux groupes ont reçu une réadaptation de physiothérapie (approche neurodéveloppementale). L’équilibre en position assise a été évalué à l’aide de la mesure fonctionnelle de la motricité globale – pointage en position assise (Gross Motor Functional Measure) suite au traitement (4 semaines). Une différence significative entre les groupes a été constatée, favorisant la SEF par rapport à l’absence de traitement.
Conclusion : Il existe des preuves modérées (niveau 1b) provenant d’un ECR de haute qualité que la stimulation électrique fonctionnelle est plus efficace que l’absence de traitement pour améliorer l’équilibre en position assise chez les enfants atteints de la PC diplégique spastique.
Un ECR de haute qualité (Karabay et al., 2012) a examiné les effets de la stimulation électrique fonctionnelle (SEF) sur l’asymétrie du tronc (en position assise) chez les enfants atteints de la PC avec diplégique spastique. Dans cet ECR de haute qualité, les patients ont été répartis aléatoirement pour recevoir la SEF ou aucun traitement ; les deux groupes ont reçu une réadaptation de physiothérapie (approche neurodéveloppementale). L’asymétrie du tronc a été évaluée à l’aide de mesures radiographiques de l’angle de Kyphotic, de l’angle de Cobb et de l’angle sacral suite au traitement (4 semaines). Des différences significatives entre les groupes ont été constatées pour l’angle de Kyphotic et l’angle de Cobb, favorisant la SEF par rapport à l’absence de traitement.
Conclusion : Il existe des preuves modérées (niveau 1b) provenant d’un ECR de haute qualité que la stimulation électrique fonctionnelle est plus efficace que l’absence de traitement dans l’amélioration de l’asymétrie du tronc chez les enfants atteints de la PC diplégique spastique.
Enfants atteints de la PC présentant une dysphagie oropharyngée
Un ECR de haute qualité (Umay et al., 2020) a examiné les effets de la stimulation électrique au niveau sensoriel (SE) combinée à une réadaptation conventionnelle de la dysphagie sur la dysphagie chez les enfants atteints de la PC (y compris une population mixte de types et de degrés de sévérité de la PC). Dans cet ECR de haute qualité, les patients ont été répartis aléatoirement pour recevoir une stimulation électrique sensorielle ou une stimulation fictive ; les deux groupes ont reçu une réadaptation conventionnelle de la dysphagie. La dysphagie a été évaluée à l’aide de l’outil d’évaluation de l’alimentation pédiatrique (Pediatric Eating Assessment Tool-10) et de l’évaluation endoscopique flexible de la déglutition (Flexible Fiberoptic Endoscopic Evaluation of Swallowing) suite au traitement (4 semaines). Des différences significatives entre les groupes ont été constatées pour les deux mesures, favorisant la SE par rapport à la stimulation fictive.
Conclusion : Il existe des preuves modérées (niveau 1b) provenant d’un ECR de haute qualité que la stimulation électrique au niveau sensoriel est plus efficace qu’une intervention de comparaison (stimulation fictive) pour améliorer la dysphagie chez les enfants atteints de la PC présentant des symptômes de dysphagie oropharyngée.
Un ECR de haute qualité (Xu et al., 2015) a examiné les effets de la stimulation électrique (SE) et de la thérapie du mouvement induit par la contrainte (TMIC) sur la force de préhension chez les enfants atteints de la paralysie cérébrale hémiplégique. Dans cet ECR de haute qualité, les enfants ont été répartis aléatoirement pour recevoir la TMIC seule, la TMIC et la stimulation électrique (SE), ou l’ergothérapie traditionnelle seule. La force de préhension a été évaluée à l’aide d’un sphygmomanomètre suite au traitement (2 semaines après le début de l’étude) et lors du suivi (3 mois et 6 mois après le début de l’étude). Aucune différence significative entre les groupes n’a été constatée à aucun moment.
Conclusion : Il existe des preuves modérées (niveau 1b) provenant d’un ECR de haute qualité que la stimulation électrique avec la TMIC n’est pas plus efficace que les interventions de comparaison (TMIC seulement ; ergothérapie traditionnelle) pour améliorer la force de préhension chez les enfants atteints de la PC hémiplégique.
Un ECR de haute qualité (Xu et al., 2015) a examiné les effets de la stimulation électrique (SE) et de la thérapie du mouvement induit par la contrainte (TMIC) sur le recrutement musculaire et la coordination chez les enfants atteints de la paralysie cérébrale hémiplégique. Dans cet ECR de haute qualité, les enfants ont été répartis aléatoirement pour recevoir la TMIC uniquement, la TMIC et la stimulation électrique (SE), ou l’ergothérapie traditionnelle uniquement. Le recrutement et la coordination musculaires (moyenne quadratique (Root mean square : RMS) des extenseurs/flexeurs du poignet impliqués/non impliqués ; EMG intégré (iEMG) des extenseurs/flexeurs du poignet impliqués/non impliqués ; ratio de cocontraction) ont été évalués à l’aide d’EMG de surface après le traitement (2 semaines après le début de l’étude) et après le suivi (3 mois et 6 mois après le début de l’étude). Des différences significatives entre les groupes n’ont été trouvées que pour 2 mesures (iEMG des extenseurs du poignet impliqués et ratio de cocontraction) au suivi (à la fois 3 et 6 mois après le début de l’étude), favorisant TMIC + ES par rapport à TMIC seulement.
Conclusion : Il existe des preuves modérées (niveau 1b) provenant d’un ECR de haute qualité que la stimulation électrique avec TMIC est plus efficace que les interventions de comparaison (TMIC seulement ; ergothérapie traditionnelle) dans l’amélioration du recrutement musculaire et de la coordination chez les enfants atteints de la PC hémiplégique.
Un ECR de haute qualité (Xu et al., 2015) a examiné les effets de la stimulation électrique (SE) et de la thérapie de mouvement induit par contrainte (TMIC) sur la fonction motrice des membres supérieurs chez les enfants atteints de la paralysie cérébrale hémiplégique. Dans cet ECR de haute qualité, les enfants ont été répartis aléatoirement pour recevoir la TMIC seule, la TMIC et la stimulation électrique (SE), ou l’ergothérapie traditionnelle uniquement. La fonction motrice des membres supérieurs a été évaluée à l’aide du test fonctionnel des membres supérieurs (Upper Extremity Functional Test) et de l’échelle d’évaluation globale (Global Rating Scale) après le traitement (2 semaines après le début de l’étude) et après le suivi (3 mois et 6 mois après le début de l’étude). Aucune différence significative entre les groupes n’a été constatée à aucun moment.
Conclusion : Il existe des preuves modérées (niveau 1b) provenant d’un ECR de haute qualité que la stimulation électrique avec la TMIC n’est pas plus efficace que les interventions de comparaison (TMIC seulement ; ergothérapie traditionnelle) pour améliorer la fonction motrice des membres supérieurs chez les enfants atteints de la PC hémiplégique.
Références
Karabay, İ., Dogan, A., Arslan, M. D., Dost, G., & Ozgirgin, N. (2012). Effects of functional electrical stimulation on trunk control in children with diplegic cerebral palsy. Disability and rehabilitation, 34(11), 965–970. https://doi.org/10.3109/09638288.2011.628741
Umay, E., Gurcay, E., Ozturk, E. A., & Unlu Akyuz, E. (2020). Is sensory-level electrical stimulation effective in cerebral palsy children with dysphagia? A randomized controlled clinical trial. Acta neurologica Belgica, 120(5), 1097–1105. https://doi.org/10.1007/s13760-018-01071-6
Xu, K., He, L., Mai, J., Yan, X., & Chen, Y. (2015). Muscle Recruitment and Coordination following Constraint-Induced Movement Therapy with Electrical Stimulation on Children with Hemiplegic Cerebral Palsy: A Randomized Controlled Trial. PloS one, 10(10), e0138608. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0138608
Groupe de troubles permanents affectant les mouvements, la coordination et le tonus musculaire d’une personne et résultant d’une lésion du cerveau avant, pendant ou peu après la naissance.
Système de classification de la fonction motrice globale. Il s’agit d’un outil utilisé pour classer les capacités motrices globales des enfants atteints de la paralysie cérébrale en 5 niveaux différents pour 5 groupes d’âge. Ce système évalue les capacités de l’enfant à s’asseoir, à marcher et à se déplacer sur des roues, ainsi que le type d’appareils de la mobilité dont cet enfant a besoin. Les niveaux sont attribués en fonction de la gravité des limitations, variant de légères (niveau I) à sévères (niveau V).